On en discute
Peut-on encore trouver du plaisir à conduire ?
Les choses ont bien changé depuis la publication en 1909 du manifeste du Futurisme qui déclarait que la splendeur du monde s’était enrichie d’une beauté nouvelle, la beauté de la vitesse ! Qu’écrirait aujourd’hui Filippo Tommaso Marinetti, son...
Bonjour Christian.
Bonjour Charlie.
Avec toutes les
restrictions qui sont imposées sur les routes actuellement, est-ce qu'on peut
toujours se faire plaisir avec une automobile ?
Alors, avant de vous
répondre, il se trouve que j'ai retrouvé il y a quelques jours un texte que je
trouve absolument extraordinaire, qui remonte au début du siècle dernier. C'est
un texte qui a été rédigé par Filippo Tommaso Marinetti, l’un des fondateurs
d'un mouvement qui s'appelle le Futurisme. Le Futurisme est né en Italie et,
très curieusement, le manifeste de ce mouvement artistique a été publié en
France, à Paris, dans Le Figaro, en deux étapes : une première le 20
février 1909, et une deuxième le 11 mars 1916. Et, dès la première version, je
vais vous en lire quelques phrases, vous allez voir que tout est clair : «
Nous déclarons que la splendeur du monde s'est enrichie d'une beauté
nouvelle : la beauté de… »
… de la vitesse.
« La beauté de la
vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des
serpents à l'haleine explosive… une automobile rugissante, qui a l'air de
courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de
Samothrace ». La Victoire de Samothrace est une sculpture de l'Antiquité
grecque…
… qui est exposée au
Louvre.
Qui est exposée au
Louvre, absolument, à Paris, et qui est considérée comme étant l'un des plus
beaux chefs-d'œuvre de l'histoire de l'art. L'automobile, la vitesse, sont plus
belles que la Victoire de Samothrace. Extraordinaire ! En 1916, Marinetti,
continue et répète : « La magnificence du monde s'est accrue d'une
belle nouveauté, la beauté de la vitesse », et il rajoute : « Il
faut persécuter, frustrer, torturer de toutes les façons ceux qui pèchent
contre la vitesse ».
Ce n'est plus
tout à fait le cas aujourd'hui.
Ce n'est plus tout à
fait le cas aujourd'hui et, avant de répondre à votre question, je lis encore
deux ou trois passages que je trouve quand même assez extraordinaires :
« Les moteurs à explosion et les pneumatiques d'une automobile sont
divins. L'essence est divine. Joie de passer de la troisième à la quatrième
vitesse, joie d'appuyer sur l'accélérateur ». Donc on est loin, bien loin,
de toutes ces restrictions que l’on nous impose aujourd'hui.
Je ne suis pas
sûre que ça fonctionnerait de répondre ça à un gendarme aujourd'hui.
En tout cas, si
vous êtes arrêtée à 150km/h sur une petite route après avoir été contrôlée, je
ne suis pas sûr que ce soit un argument…
… valable.
Pas sûr. Si on
essaie de se reporter à aujourd'hui, c'est vrai que la passion de l'automobile
existe encore. Où trouver du plaisir ? Probablement pas sur les petites routes.
En tout cas, pas sur les autoroutes, peut être sur les petites routes de
campagne, mais en faisant bien attention aux limitations de vitesse. On peut
imaginer que le plaisir automobile, que la vitesse automobile, puissent
s'exprimer sur les circuits, que des circuits naissent et soient aménagés, un
peu comme les clubs de golf le sont avec un garage où l’on pourra laisser sa
voiture comme on laisse son chariot avec ses clubs de golf pendant la semaine.
Et puis le weekend, on viendra, on fera quelques tours de piste, comme on fait
un parcours de golf. Il y aura un club house et on pourra profiter de son auto.
On peut aussi imaginer que certaines régions seront plus accueillantes pour
l'automobile. Des régions qui sont loin des capitales et des métropoles, des régions
dans la campagne, qui disposent d'un bon réseau routier…
… de routes
agréables pour se balader.
De routes agréables,
peut-être quelques-unes encore bordées de platanes que la Direction de
l'Equipement en France a voulu abattre dans les années 60 et 70 contre la
volonté du président Pompidou qui était un fervent défenseur des platanes au
bord des routes. On peut imaginer que certaines régions seront accueillantes,
que la vitesse pourra se pratiquer sur les circuits, mais bien loin de l'esprit
de ce mouvement du Futurisme du début du siècle dernier.
Tout à fait. Merci
beaucoup Christian.
Merci Charlie.
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Rouler en ancienne : écologique ?
Pour le deuxième volet de notre rubrique « On en discute », Charlie pose à Christian Philippsen cette question un peu iconoclaste : Et si rouler en ancienne était écologique ?
Continuez de nous indiquer les sujets qui vous passionnent ou vous préoccupent, nous les mettrons à notre programme. Vos commentaires sont bien sûr toujours les bienvenus !
Bonjour Christian
Bonjour Charlie
Est-ce que, finalement, rouler dans une ancienne comme celle-ci ne serait-il pas écologique ?
C'est une question un peu iconoclaste et dans l'ambiance d'aujourd'hui, on a plutôt tendance à mettre les anciennes au rebut. Celle-ci est une automobile de collection, mais on parle des autos qui peuvent avoir 10 ans, 15 ans, 20 ans d'âge par exemple. Par coïncidence, je suis récemment tombé sur un article qui disait que la représentante du parlement ou du gouvernement anglais - je ne sais plus, mais peu importe - et qui est en particulier en charge de la communication sur la mobilité durable, avait déclaré fermement qu'elle roulait en Volkswagen diesel et qu'elle continuerait de se servir de sa voiture. Elle avait un certain nombre d'arguments. L'autonomie en est un. Mais il y en avait un autre qui était de dire que le développement et la construction de nouvelles automobiles créent de la pollution.
Oui alors que la pollution pour la sienne a déjà été créée.
Voilà, la pollution pour la sienne a déjà été créée. Donc, pourquoi ne pas l’amortir ?
Effectivement, tant qu'elle fonctionne.
De plus, les voitures modernes, et les voitures électriques en particulier, sont beaucoup plus lourdes que les anciennes. Les batteries pèsent.
Oui, ainsi que toute la technologie qu'il y a dedans.
Le poids pollue ! Il y a des émissions de particules qui sont fonction du poids des voitures, donc en fait, il y a plusieurs arguments. Alors savoir objectivement si elle a raison ou si elle n'a pas raison… J'imagine que le clan des « pour » et le clan des « contre » trouveront chacun leurs arguments, mais ce n'est pas nécessairement idiot. Je voudrais en profiter pour développer un argument plus général parce que l'électricité est devenue un dogme aujourd'hui. Et, pour moi, les gouvernements sortent de leur domaine de compétence en imposant l'électricité. Le rôle des gouvernements serait plutôt d’imposer des limites d'émissions de gaz toxiques ou d'émissions polluantes, mais pas d'imposer une technologie. Le développement et le choix des technologies revient, à mon avis, à des industriels, à des entrepreneurs, à des investisseurs qui vont faire des choix qui seront différents. Il y en a qui réussiront. Il y en a qui ne réussiront pas ou moins bien, mais c'est une responsabilité qui leur appartient. Imposer une technologie alors que toutes les technologies ont encore un pouvoir de développement…
On peut rechercher dans plusieurs idées et ne pas en imposer une seule.
Bien sûr, le moteur thermique n'est pas au bout de son développement. La production des carburants n'est pas au bout de son développement. L'électricité non plus, bien entendu, mais le potentiel de développement dans tous les domaines, il est réel, il existe. Alors pourquoi imposer une technologie ? Pourquoi déresponsabiliser les individus ? Et cette tendance à la déresponsabilisation est une tendance qui m'inquiète.
Et qui se généralise de plus en plus.
Et qui se généralise. On ne la voit pas que dans ce domaine-là. Donc, pour moi, le rôle des gouvernements, c’est d'encourager plutôt que de réprimer et d'interdire. Et c'est un rôle d'éducation aussi, qu'il remplit bien mal. À partir du moment où l'individu est éduqué, il faut lui donner la responsabilité.
Tout à fait.
Voilà mon petit commentaire sur cette pensée iconoclaste de laisser en vie ces automobiles qui ont été produites il y a dix, quinze, vingt ans, et à fortiori les anciennes et les automobiles de collection.
Merci beaucoup Christian.
Merci Charlie.
Commentaires
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Commentaire reçu de la part d'un abonné :
Nice video you did for leBolide, totally agree on what you said on electric cars – well done!
Belle est intéressante analyse !!
Commentaire reçu de la part d'un abonné :
Pour le nombre d’heures par ans que ces voitures roulent, ce n’est rien et cela fait travailler 25 000 personnes en France !
Pour la petite histoire de consommation, en 1963, des personnes de chez Renault ont fait la route de Paris à Madrid en Renault 4, à 75km/h de moyenne sur les routes de l’époque en consommant 4,9 L /100.
Et juste une batterie de 3 Kg pour démarrer …
Matching numbers
Découvrez le premier volet de notre nouvelle rubrique «On en discute». Aujourd’hui il est question de « Matching numbers ». Vous en avez certainement déjà entendu parler, mais quelle est leur importance réelle ? On en discute avec Christian Philippsen. N’hésitez pas à nous indiquer en commentaire les sujets qui vous passionnent, nous en discuterons lors des prochains épisodes.
Bonjour Christian
Bonjour
Charlie
On
entend parler de « matching numbers » pour les autos de plus en plus souvent.
Les
« matching numbers »
Est-ce que vous pouvez me dire de quoi il s'agit ?
Les
fameux « matching numbers » !
On
dit d'une auto qu'elle est matching numbers lorsque les numéros de moteur, de
la transmission, du châssis, de l'ensemble des éléments mécaniques,
correspondent aux numéros qui sont répertoriés dans les archives du
constructeur. Donc, on dit d'une auto qu’elle est matching numbers lorsqu'elle
est entièrement conforme à ses spécifications d'origine, numéros compris
lorsqu'elle est sortie de l'usine.
Est-ce
aussi le cas pour les couleurs ?
Oui,
alors on a commencé par les matching numbers, désormais on rajoute les «
matching colours », ce qui signifie que la voiture est aujourd'hui dans la ou
les couleurs dans lesquelles elle est sortie d'usine aussi.
Est-ce
que ça a une vraie importance ?
A
mon sens, c'est très surfait. C'est un argument commercial, je ne sais pas qui
l'a inventé, mais depuis quelques années, on voit ça dans les petites annonces,
dans les descriptions des ventes aux enchères -« Matching numbers, matching
colours »-. Moi, je me souviens que dans les années 60, vous savez que j'ai
travaillé chez l'importateur Ferrari en Belgique, on avait toujours en magasin
un ou deux moteurs de réserve qui étaient prêts à être montés dans une
automobile si jamais on en rentrait une qui avait un gros pépin mécanique. Ça
rendait service au client parce que c'était évidemment beaucoup plus rapide
d'enlever un moteur et d'en monter un autre que de sortir le sien, le réparer
et le remonter, donc en rendait service. Ça fait partie de l'histoire de la
voiture. Donc, tant que les spécifications d'origine sont respectées, pour moi,
il n'y a pas de gros problème. Si on monte un moteur Chevrolet dans une
Ferrari, c'est autre chose ! Ça s'est fait aux États-Unis, en particulier à une
époque, mais un moteur conforme aux spécifications d'origine, avec un numéro 4
au lieu d'un numéro 3, à mes yeux, ce n’est pas très grave.
Oui,
ça a peu d'importance.
Je
dirais qu'il y a deux bémols quand même. Le premier, ce sont les automobiles
qui participent à des concours. Dans les concours, entre deux automobiles
comparables, celle qui a ses éléments d'origine sera certainement privilégiée
par rapport à celle dont le moteur aura été remplacé. Il y aura probablement
une pénalité si le moteur n'est pas matching numbers.
Cela
aura tout de même une incidence sur les points ?
Oui,
c'est une façon à la limite de départager des ex-aequo. Donc, si vous voulez
participer à un concours, ça fait partie des éléments que vous pourriez prendre
en considération. Mais pour un usage plaisir, courant, pour des balades, pour
participer à des rallyes, aucune espèce d'importance. La deuxième précision,
c'est que certaines automobiles ont des configurations bien particulières qui
correspond à une étape de leur vie. Je pense à des automobiles de compétition.
Une automobile qui a remporté les 1000 miles, par exemple, ou une automobile qui
a remporté les 24 Heures du Mans, c'est vrai qu'il faudrait, en les restaurant,
les remettre conformes à une photographie de cet instant-là. Une automobile qui
a remporté les 1000 miles en étant gris argent avec des numéros rouges, il ne
faut pas qu'elle devienne rouge avec des numéros noirs.
Il
faut garder une cohérence.
Exactement
! Là je dirais, c'est important. Mais, encore une fois, pour le reste, ça me
parait être un argument commercial. Je ne sais pas qui l'a inventé.
Merci
beaucoup Christian.
Merci
Charlie.
Commentaires
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Sujet intéressant. Merci !
Argument très interessant. Je convienne avec vous pour ce qui concerne le concept "matching numbers".
A' bientôt
Marco